L’Art et la Révolution

Le terme Queer a pris de l’ampleur dans les années 1980 et 1990, englobant les identités et les expériences des personnes LGBTQ+. Ce mouvement a ouvert la voie à une sexualité plus fluide, défiant les normes traditionnelles et célébrant la diversité humaine. Il a donné naissance au New Queer Cinema, un espace créatif où les récits prennent vie, y compris ceux du cinéma lesbien, souvent sous-représenté.

New Line Cinema, à travers sa division Fine Line Features, a joué un rôle essentiel dans la promotion de ce genre. Les films qui rejettent l’hétéronormativité mettent en lumière la vie des personnages LGBT, souvent confrontés à un monde qui les marginalise. Cependant, le cinéma queer a des racines profondes : des réalisateurs comme Jean Cocteau et Jean Genet ont déjà commencé à façonner cette représentation avant même qu’elle ne porte un nom.

Des figures emblématiques comme Andy Warhol ont ouvert la voie à une approche avant-gardiste, tandis que des cinéastes tels que Rainer Werner Fassbinder et Héctor Babenco ont enrichi le genre avec une sensibilité unique. Les réalisatrices lesbiennes, comme Chantal Akerman et Ulrike Ottinger, ont également été pionnières, apportant des perspectives essentielles et souvent négligées dans la narration LGBT. La théorie queer, en questionnant les rôles de genre, a été cruciale pour façonner ce cinéma, qui ne se contente pas de raconter des histoires, mais les subvertit et les réinvente, comme l’illustre brillamment Edward II de Derek Jarman.

Fin du XXe siècle et début XXIe, le cinéma de Pedro Almodovar fait entrer le cinéma d’auteur LGBT dans le panthéon du 7e Art. Plus tard, les films du québécois, Xavier Dolan font une entrée fracassante dans le monde du cinéma et font briller avec eux, la communauté. Son film Les Amours Imaginaires retrace les passions bisexuelles dans un trio contrarié. 
Les grosses productions américaines bien plus mainstream s’intéressent également aux sujets et on retrouve des films tels que Le Secret de Brokeback Mountain ou Harvey Milk. Ce phénomène témoigne d’une évolution vers les représentations.

En France, le cinéma lesbien est incarné par des réalisatrices comme Céline Sciamma avec le Portrait de la Jeune Fille en feu. Elle réalise également Tomboy qui traite du sujet de la transidentité chez l’enfant.
Catherine Corsini, figure importante dans le cinéma français, expose un couple lesbien dans son film, La Fracture, où le sujet n’est pas l’homosexualité et contribue ainsi à la normalisation d’un couple de femmes. Ne manquons pas de citer l’actrice Adèle Haenel comme visage important du cinéma féminin et lesbien de notre époque.

Le célébrissime Festival de Cannes a d’ailleurs sa Queer Palm pour célébrer et récompenser ce cinéma essentiel, le sortant ainsi d’une zone qui a longtemps été trop intime. Cette année, le jury du Queer Métrage met à l’honneur des personnalités engagées, dont Barbara Butch, notre DJ emblématique des soirées Patchole au Rosa Buttes, qui rejoint le jury aux côtés de Yuming Hey et Nathalie Masduraud.

L’allié de toujours de Rosa Bonheur sont les productions Why Not, à l’origine de nombreux films mettant en scène des personnages issus de la culture queer, comme tout récemment le retentissant Emilia Perez réalisé par Jacques Audiard.

Dans cet esprit de célébration, les guinguettes du Rosa Bonheur proposent un Ciné Rosa mensuel au Cinéma du Panthéon. Cet événement met en avant le plus possible le cinéma queer, ouvrant un espace où des réalisateurs confirmés côtoient de jeunes talents LGBT, leur offrant une scène pour partager leurs histoires.

Au-delà de l’aspect festif, cette initiative souligne la richesse artistique de la culture queer, qui traverse les sphères et résonne profondément avec notre humanité. Le cinéma et l’amour sont des expériences infinies : célébrons-les ensemble, avec passion, dans toute leur diversité.

Portrait de la Jeune Fille en feu