Prendre soin, version Rosa

Il fut un temps où le mot soin sentait l’odeur de l’hôpital et du sacrifice. On l’imaginait blanc, silencieux, épuisant. Mais dans les années 80, des philosophes féministes ont pris ce mot à bras-le-corps. Elles ont dit : prendre soin, ce n’est pas se nier soi-même, ce n’est pas se perdre. C’est ce qui nous relie, ce qui fait tenir la société debout.

Le care est devenu une question féministe parce qu’il dévoilait une évidence : ce sont surtout les femmes qui portent cette charge invisible. S’occuper des enfants, des malades, des plus âgés, écouter, consoler, protéger… Et parce que ces gestes ont été considérés comme naturels, comme « féminins », ils ont été rendus invisibles, dévalorisés, ignorés. En les nommant, en les pensant, les féministes ont transformé le soin en une force politique.

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Au Rosa Bonheur, on n’écrit pas des thèses, on danse. Mais au fond, on dit la même chose.

Ici, prendre soin, c’est notre manière de résister.

Prendre soin des femmes qui trop souvent doivent guetter derrière elles, esquiver les frotteurs, survivre aux violences et aux harcèlements.

Prendre soin des personnes queer que la société laisse sur le bas-côté, comme si leurs existences flamboyantes dérangeaient l’ordre établi.

Prendre soin des aîné·es, qu’on refuse de rendre invisibles.

On fait tout ça avec nos armes à nous : les paillettes, les bras qui s’ouvrent, la musique trop forte, les guirlandes qui scintillent.

Ici, la fête est une thérapie sauvage. Une care thérapie qui ne demande pas d’ordonnance, mais un dancefloor, un sourire, un peu de tendresse.

Prendre soin, ce n’est pas mièvre, ce n’est pas gentil. C’est la norme ou ça devrait l’être.

C’est une façon de dire : nous n’abandonnerons personne.

Au Rosa, on se fait du bien tous autant qu’on est.

Parce que nous sommes trop précieux !